INTRODUCTION

La vie internationale fait face à l’époque, qui est la nôtre à des multiples mouvements terroristes ayant pour objectif principal la mise en œuvre d’une violence organisée dans la clandestinité afin d’optimiser, avec un minimum d’effectifs, le degré de terreur jugé nécessaire à des fins soit politiques, religieuses ou sociales.

Ceci qui suscite beaucoup des questionnements en ce qui concerne les stratégies qu’il faut mettre en place pour garantir le maintien de la paix et de la sécurité internationale, objectif majeur de l’Organisation des Nations Unies.

L’Afrique est aussi victime de plusieurs groupes terroristes, qui sèment la terreur dans le continent. On peut en citer : le groupe terroriste de Boko Haram, qui terrorise le Nigeria, le Tchad et le Cameroun ; Boko haram, qui signifie grossièrement « l’éducation occidentale est un péché » ; le groupe d’Al Qaida au Maghreb islamique, implanté historiquement dans la partie saharienne d’Algérie.

Cette organisation opère dans toutes les zones du sahel, la Mauritanie, le Nigeria et le Mali ; les Shebabs somaliens (Al-Shabbab), qui terrorise plus la Somalie ; Le groupe d’Al- Mourabitoun, dans la région du Sahel et au Mali ; le groupe terroriste d’Ansar al-charia Derna et Ansar al-charia Bengazi.

L’ampleur de ce phénomène suscite de questionnement, notamment celle de savoir si oui ou non le terrorisme n’est pas une façon pour le peuple qui subit tous les jours les effets de dicta de la communauté internationale, de réagir à cet effet.

Dans le cadre de cet article scientifique, notre attention va porter sur l’Etat Islamique et son action face à la Communauté internationale.

Cela étant, nous examinerons en premier lieu ce que c’est la Communauté internationale (I) et en second lieu, l’Etat Islamique et ses actes (II) pour terminer avec notre prise de position si oui ou non le terrorisme ne constitue pas une réponse aux injustices de la Communauté internationale (III).

I.                  LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE : QUID ?

La Communauté internationale est avant tout une idée qui ne cesse de hanter le discours de bon nombre de personnes surtout des juristes internationalistes. Mais force est de reconnaitre que face à ce concept, on est vite dépourvu de sens en cela que le concept est ambigu.

Ce concept a acquis au fil des années une certaine réalité d’autant plus qu’il est confronté par la globalisation des enjeux et des controverses.

Cela pour autant dire que nul ne peut l’ignorer et qu’il est au cœur des débats car la tentative de communautarisation des intérêts lui a procuré une place de choix et démontre que plus rien ne sera plus comme avant[1].

En effet, le monde, aujourd’hui, marche sous forme d’intérêt et semble être garanti par une famille de biens communs et autres biens publics internationaux ; ce qui signifie qu’étant au cœur des débats sur la gouvernance mondiale, ce concept reste à bâtir et ainsi trouver un point d’achoppement qui permettra à tout le monde de l’accepter et de tomber d’accord.

Le concept de communauté internationale peut ainsi être présenté comme une communauté des personnes morales que sont les Etats[2] , c’est-à-dire une communauté humaine formée de communauté étatique. 

Donc, c’est la vision de cette communauté des communautés que nous pouvons aussi appeler Communauté Internationale ou communauté interétatique, qui s’oppose à la vision d’une communauté individuelle et mondiale. Cela pour dire que la communauté internationale reflète une communauté des hommes et non une communauté où les hommes vivent chacun dans son coin.

II.              L’ETAT ISLAMIQUE : QUID ?

En effet, l’Etat islamique fait l’objet d’interprétations divergentes :

Pour l’Union Européenne et les Etats Unis, l’Etat Islamique est une

« hydre auto-générée de criminels et de fanatiques sans aucun rapport avec l’Islam, apparue pour conquérir les intérêts pétroliers avec la complicité de jeunes gens embrigadés sur internet »[3].

Cette qualification de l’Union Européenne et des USA nous semble un tout petit peu hostile, dans ce sens qu’elle révèle une certaine rivalité existant entre l’Etat Islamique et la Communauté Internationale. Cependant, nous limiter seulement à cette qualification de la

Communauté Internationale, nous aurons du mal à appréhender ce qu’est réellement l’Etat Islamique.

Ceci nous amène à analyser le point de vue des pays Arabo-musulmans, qui voient paradoxalement dans l’Etat Islamique, « une créature américaine permettant de déployer le chaos au Moyen orient et ainsi mieux capter ses ressources »[4].

Ce point de vue contraire à celui de la Communauté Internationale semble perturber notre analyse, en ce sens que l’Etat Islamique, ennemi présumé de l’Union Européenne et des Etats Unis, soit qualifié d’instrument américain utilisé par cette puissance pour garder une mainmise sur le Moyen orient et pour finalité y imposer sa politique. Ceci est un paradoxe contre nos attentes.

Cependant cette hypothèse des Etats Arabo-musulmans n’est pas à négliger, car la véritable politique internationale n’est pas celle apparente, mais elle est et demeure souvent impénétrable sans une analyse approfondie.

L’Etat Islamique : quels sont ses fondements et actions ?

De manière logique, nous ne pouvons pas parler du fondement de l’Etat Islamique sans faire allusion à la religion musulmane, car de par son appellation d’Etat Islamique, nous ne pouvons que présumer son fondement du départ qui, selon nous est religieux.

Cependant, il n’est pas exclu la possibilité de découvrir d’autres fondements. A cet effet analysons ses fondements.

A.   Le fondement religieux et Actions de l’Etat Islamique

Les fondements de l’Etat Islamique sont d’abord religieux. En effet, le projet bassiste se voulait laïque pour mieux fédérer des populations mélangées ; par réaction, la majorité shiite se révéla piétiste. Les affidés de l’Etat islamique, qui se situent dans une surenchère religieuse, présentent le Califat comme le retour d’un sunnisme débarrassé du laïcisme.

L’Etat islamique, également appelé Etat islamique en Irak et au Levant ou Daech[5], anciennement connu comme l’Etat islamique en Irak et al-Qaïda en Irak, est une organisation  terroriste  islamiste,  créée  en  2003,  en  Irak,  par  Abou  Moussab  al-Zarkawi6. L’Etat islamique a proclamé le 29  juin 2014 l’instauration d’un califat  sur les  territoires qu’il contrôle. 

L’Etat islamique  s’est  rapidement  imposé  comme  l’un  des  groupes  les  plus  puissants  de  l’histoire  du terrorisme  moderne.  Il  contrôle  actuellement  un  territoire  de  plus  de  70 000 km², peuplé d’environ 8 millions d’habitants, comprenant des parties parfois  conséquentes  des gouvernorats  syriens d’Alep, Raqqa, Deir ez-Zor, Homs, Hassaké,  Damas,  et  des  provinces irakiennes de Salah ad-Din, al-Anbar et Ninive[6].

Cependant, ce qui intéresse notre étude n’est pas forcement l’organisation ou le financement de l’Etat islamique, mais plutôt le rapport éventuel qu’il entretient avec la Communauté internationale et à défaut de ce rapport éventuel, c’est la réaction de la Communauté internationale qui attirera notre attention.

 En effet, il n’est établi aucun rapport officiel entre l’Etat islamique et la Communauté internationale ; au contraire, il existe entre eux une lutte. De ce fait, une remise en question surgit, celle de savoir la réaction de la Communauté internationale face au terrorisme en général et l’Etat islamique en particulier.

B.   Réaction de la Communauté internationale contre l’Etat islamique

1.   Les Operations de la Coalition

Les frappes aériennes des Etats coalisés, environ 10 000 décomptées fin 2015, qui se sont intensifiées ces derniers mois, ont eu un impact sur le revenu de l’Etat islamique tiré des ressources naturelles. A la désorganisation des transports et l’endommagement des raffineries et oléoducs se sont ajoutés les bombardements sur les infrastructures d’extraction mêmes.

Des frappes plus ciblées ont également visé des hauts gradés, proches d’al-Baghdadi et ont atteint la gouvernance de l’Etat islamique à son niveau de commandement. Néanmoins, l’Etat islamique a montré qu’il pouvait s’adapter aux frappes.

Si la neutralisation des hauts cadres de l’Etat islamique a entravé les déplacements et les communications, et compliqué la coopération logistique, son efficacité reste limitée.  En effet, la gouvernance de l’Etat islamique repose sur une bureaucratie et une administration solides, garantes d’une certaine stabilité8.

Cette coalisation de la Communauté internationale contre l’Etat islamique révèle au grand jour la rivalité existant entre l’Etat islamique et la Communauté internationale, même si on ne doit toujours pas exclure la possibilité qu’il ait des rapports non officiels entre certains Etats puissants membres de la Communauté internationale avec l’Etat islamique.

A côté de ce recours à la force auquel recourt la Communauté internationale en évoquant la légitime défense, l’ONU n’est pas restée indifférente à l’existence et aux actions terroristes de l’Etat islamique.

2.   L’action de L’ONU

Plusieurs résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies ont été adoptées à l’encontre l’Etat islamique, essentiellement consacrées aux sanctions financières. La résolution 2253, du 17 décembre 2015 « étend à l’Etat islamique le régime actuel des sanctions » contre al-Qaïda, appelle les Etats à « criminaliser les transactions financières liées au terrorisme », et à « fournir des orientations » visant à enrayer la mécanique de financement de l’Etat islamique.

La plupart de ses sources de revenus vient de la contrebande de pétrole, l’extorsion, la fiscalité, le pillage, l’enlèvement contre rançon, les donations étrangères, le commerce illicite d’antiquités, et le trafic d’êtres humains.

Cette résolution appelle également les Etats « améliorer […] le partage d’informations, […], à renforcer la coopération avec le secteur privé », et souligne la nécessité pour les Etat « d’améliorer la mise en œuvre des normes et recommandations internationales élaborées par le GAFI ».

Dans sa résolution 2170 de 2014, le Conseil de Sécurité de l’ONU condamne toute transaction commerciale engagée avec des groupes terroristes, dont l’Etat islamique, notamment dans le secteur pétrolier. 

En février 2015, la résolution 2199 visait à encadrer l’action des Etats membres pour tarir les sources de financement de l’Etat islamique. Elle condamne fermement « toute participation au commerce direct ou indirect, en particulier de pétrole et de produits pétroliers, d’unités de raffinage modulaires et de matériels connexes avec l’Etat islamique et le Front al-Nosra ».

Elle condamne également les enlèvements et prises d’otages, les destructions du patrimoine culturel iraquien et syrien, et décide que tous les Etats membres doivent prendre « les mesures voulues pour empêcher le commerce de biens culturels irakiens et syriens ».

Cette  résolution  traite également du gel des avoirs, notamment en « encourageant les Etats membres  à veiller  à ce que les institutions financières fassent preuves de vigilance à l’égard des opérations bancaires impliquant des banques situées sur le territoire de l’Etat islamique […] »[7].

Ces résolutions, déclaratives et non coercitives, ont un effet limité. En effet les sanctions financières visent essentiellement les transactions financières et les avoirs à l’international. 

Efficaces lorsqu’elles s’appliquent à un mode de financement qui dépend essentiellement de donateurs et de bénéficiaires, elles ne parviennent pas à déstabiliser le modèle économique de l’Etat islamique, diamétralement opposé.

D’autre part, ces sanctions, au périmètre de recommandation étendu, demeurent au stade de « l’appel », de « l’exhortation », de la « condamnation » et ne s’ensuivent pas de mesures coercitives.

En conclusion peut-on parler d’une rivalité certaine entre la Communauté internationale et l’Etat islamique, pour soutenir notre l’hypothèse selon laquelle le terrorisme en général et l’Etat islamique en particulier, s’insurgent contre les actions injustes de la Communauté internationale ou peut-on par contre parler d’un semblant de conflit entre ces deux sujets, permettant à la Communauté internationale d’imposer ses politiques (c’est-à-dire profiter des actions terroristes pour piller les ressources naturelles du Moyen orient et en Afrique et pour faire le commerce de leurs minutions) aux Etats faibles ?

CONCLUSION

L’Etat islamique tente, depuis son avènement, d’afficher des éléments tangibles attestant de l’« Etat » qu’il prétend être : la majeure partie de sa surabondante production médiatique concerne, en effet,  la vie civile  des populations  sous  contrôle, l’Etat islamique  visant  par ce biais à prouver sa légitimité et sa viabilité.

Cette considération nous amène à conclure qu’officiellement il n’existe pas de rapports ou relations entre l’Etat islamique et la Communauté internationale. Cependant, il nous est aussi difficile de découvrir les motivations profondes de l’Etat islamique, outre son idéologie djihadiste.

Ce qui fait nous empêche de le qualifier comme une sorte de réponse ou non aux actions de la Communauté internationale.

BIBLIOGRAPHIE

1. Textes Juridiques

  • Résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU n° 2170  de 2014 ;
  • Résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU  2199 de février 2015 ;
  • Résolution du Conseil de sécurité de l’ONU n° 2253, du 17 décembre 2015.

2. Articles

  • Acronyme de ad-Dawla al-Islāmiyya fi-l-irāqwa-š-šām, littéralement « Etat islamique en Irak et dans le Cham » ;
  • Conseil  de  Sécurité  des  Nations  Unies,  « Liste  établie  et  tenue  à  jour  conformément  aux  résolutions 1267/1989/2253  du  Conseil  de  Sécurité »,  1267/1989/2253  Sanctions  List,  Organisation  des Nations  Unies(ONU), 12 avril 2016 ;
  • Rapport du Centre d’analyse du terrorisme sur le financement de l’Etat islamique 2015, disponible sur www.catint.org.

[1] INGANGE WA INGANGE J.D., Cours de droit International public, Université Catholique du Congo, Faculté de Droit, année académique 2015-2016, inédit.

[2] De manière générale, ce ne sont pas tous les Etats qui font parties réellement de la communauté internationale, mais c’est un groupent d’Etats puissants imposant leurs volontés à d’autres.

[3] OLIVIER HANNE et THOMAS FLICHY DE LA NEUVILLE,  « Qu’est-ce l’Etat Islamique ? », article téléchargé en pdf sur www.googlesearch.com, le 11 /06/ 2017, à 14h50’

[4] Idem.

[5] Acronyme de ad-Dawla al-Islāmiyya fi-l-irāqwa-š-šām, littéralement « Etat islamique en Irak et dans le Cham ». Il était alors appelé  Jama’at  al-Tawhid-wal-Jihad, du nom d’un groupe formé par al-Zarkawi  en  2000 à Hérat,  en Afghanistan.

[6] Rapport du Centre d’analyse du terrorisme sur le financement de l’Etat islamique 2015, disponible sur www.cat-int.org.

[7] Conseil de Sécurité des Nations Unies, « Liste établie et tenue à jour conformément aux résolutions 1267/1989/2253 du Conseil de Sécurité », 1267/1989/2253 Sanctions List, Organisation des Nations Unies(ONU), 12 avril 2016.


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