PROLEGOMENES

Face aux faiblesses de l’administration publique congolaise, et en vue de faire de cette dernière le pilier du développement du pays, le Gouvernement Congolais a lancé, un vaste et ambitieux Programme dit « Programme de Réforme et Rajeunissement de l’Administration Publique », PRRAP en sigle.

De par l’intitulé même dudit Programme, le « Rajeunissement » en reste l’un de principaux axes. Le Rajeunissement de l’Administration publique congolaise consiste, jusqu’à présent, à recruter des jeunes universitaires (L2 au moins) de tous les domaines d’études confondus, n’ayant pas encore dépassé l’âge de 35 ans. Avant d’être affectés au sein des différentes administrations, ces jeunes suivent une formation professionnelle d’excellence, soit via le Programme « Jeunes Professionnels » (JPO), soit via l’Ecole Nationale d’Administration (ENA-RDC).

L’Ecole Nationale d’Administration de la République Démocratique du Congo (ENA-RDC) fut créée par le Décret N° 13/013 du 16 avril 2013. Dans son volet « Formation Initiale », l’ENA-RDC assure chaque année, et ce depuis 2014, la formation professionnelle (connaissances managériales, personnalité et éthique) d’une période de 12 mois à cent (100) élèves, conformément aux conditions arrêtées par le Ministre ayant la Fonction Publique dans ses attributions. Les Elèves de l’ENA, généralement appelés « Enarques », sont objectivement recrutés par voie de concours rigoureux (épreuve de dissertation et test oral) sur l’ensemble du territoire national, et sont principalement destinés à intégrer, à l’issue de leur formation,  les services publics centraux et provinciaux, les Entreprises publiques, les Etablissements publics, les Représentations diplomatiques ainsi que les Institutions internationales afin d’y exercer les fonctions de conception, mise en œuvre et évaluation des politiques publiques, encadrement et direction. D’où le statut particulier d’ « Administrateurs Civils » reconnu aux Enarques ayant suivi leur formation avec satisfaction.

L’ENA-RDC ainsi que les opportunités qu’offre sa formation initiale ont suscité beaucoup d’intérêt au sein de la jeunesse congolaise de tous bords. Il suffit, pour s’en rendre compte, de considérer le nombre de candidatures réceptionnées lors de chaque lancement de recrutement à l’ENA-RDC. Cette dernière ne pouvant définitivement admettre que 100 candidats mieux classés à l’issue du concours, il est devenu fréquent de remarquer beaucoup de frustrations dans le chef des candidats qui ne se sont pas mieux classés pour être définitivement admis à l’ENA. Certains assument leur échec, alors que d’autres accusent l’ENA-RDC de toutes sortes d’impartialité.

L’expérience, quant à elle, renseigne plutôt que la principale cause d’échecs aux concours d’admission à l’ENA est et reste le « manque d’une bonne préparation ». C’est de cette thèse qu’est venue l’inspiration de concevoir et élaborer le présent petit document, qui propose des astuces efficaces pour réussir aux tests d’admission à l’ENA, se classer en ordre utile et mériter la prestigieuse appellation d’ « Enarque ».

Le présent document a l’avantage d’avoir pour auteur, un ancien Enarque, actuellement Administrateur Civil (AC), qui a échoué deux fois de suite aux concours d’entrée à l’ENA, avant de le remporter à la troisième fois. Il combine ainsi l’expérience d’avoir échoué et réussi aux concours d’admission à l’ENA-RDC. Voilà pourquoi les astuces et conseils proposés dans ce document, le sont dans les termes ordinaires et adaptés au déroulement pratique des concours d’entrée à l’ENA-RDC ; loin de théories classiques et scientifiquement élaborées sur la dissertation et l’interview.

Nous sommes convaincus que les prétendants à l’ENA-RDC qui liront ce document, y trouveront une aide hors-pair.

AVANT-PROPOS

Les postulants à l’ENA, dont les dossiers de candidature ont satisfait aux exigences prévues, devront s’attendre à deux tests successifs. D’abord le Test écrit et, ensuite, le Test oral.

Organisé au même moment dans chaque chef-lieu de province, Le Test écrit consiste généralement en un sujet à disserter. Les candidats ayant satisfait au Test écrit et s’étant classés en ordre utile se voient invités au Test Oral. Les 100 candidats qui se seront mieux classés, au vu des résultats de ces deux tests, sont ceux qui intégreront l’ENA-RDC.

Toutefois, il est arrivé dans l’histoire de l’ENA-RDC que, pour des raisons certaines, il ne soit organisé que le seul test écrit. Ce dernier était alors composé d’un sujet de dissertation et de deux autres questions. Mais, comme on peut le remarquer, ce n’était qu’une exception, la règle étant le double test écrit et oral.

D’où la structure de ce document : Test écrit (point I) et Test Oral (point II).

I. TEST ECRIT (DISSERTATION)

Pour mieux disserter, il sied de saisir le type de travail demandé. Une dissertation peut consister à commenter, expliquer, démontrer ou discuter. ‘’Commenter’’, ‘’expliquer’’ et ‘’démontrer’’ renvoient généralement à soutenir l’idée ou le point de vue de l’auteur du sujet ; alors que ‘’discuter’’ consiste, pour un sujet donné, à faire valoir le pour (thèse), le contre (antithèse) ainsi que votre point de vue (synthèse) au regard du pour et du contre. La synthèse n’est pas à confondre avec la conclusion.

La plupart de tests (sujets) de dissertation, comme ceux de l’ENA, ne disent pas clairement le type de travail demandé. C’est à vous de le découvrir à travers le sens du sujet qui vous est donné. C’est ici qu’il importe de relever que, jusqu’ici, les sujets de dissertation de l’ENA-RDC sont souvent à commenter, expliquer ou démontrer, et moins à discuter. Cela n’exclut pas qu’il soit donné un ou plusieurs sujets à discuter, à l’avenir. Ainsi, a-t-il été donné des sujets comme :

  • « Comment la réforme de l’administration publique peut-elle renforcer l’autorité de l’Etat? » (2014) ;
  •   « Citoyenneté et Solidarités » (2015) ;
  •  « Une administration publique efficace et efficiente, condition sine qua non pour l’émergence et le développement de la RDC » (2016) ;
  • « Impact de la compétence et de l’éthique professionnelle dans le processus de la modernisation de l’administration publique en RDC » (2017) ;
  •  « La réforme de l’administration publique comme socle du développement de la RDC » (2018) ;
  •  « La réforme de l’administration publique dans le processus de la refondation d’un Congo émergent s’oppose à la corruption qui carbonise l’effort et anéantit la confiance. Traquer cette fraude, revient à réparer les préjudices causés à l’Etat Congolais et à la société congolaise » (2019).
  • « De la faible productivité de l’administration publique : frein à un développement durable et inclusif en République Démocratique du Congo » (2020).

Ceci dit, il est temps de nous pencher sur le travail même de la dissertation.

Pratiquement, la dissertation se fait en trois parties, à savoir : l’introduction, le développement et la conclusion.

  1. Introduction

Il s’agit principalement de donner, d’abord, la reformulation du sujet et, ensuite, la problématique du sujet.

Reformulation du sujet : reformuler un sujet c’est le dire en d’autres termes sans s’écarter de son sens original. C’est la première chose qui permet au correcteur de voir si vous avez compris le sujet. Pour mieux reformuler il faut d’abord tenter de définir, sur brouillon, les mots-clés du sujet. Nous insistons sur le fait qu’on ne définit pas les mots-clés du sujet dans le corps même de la dissertation. Vous le faites soit mentalement, soit sur un brouillon à côté, juste pour comprendre le sujet. N’écrivez dans le corps de la dissertation que le sujet entier déjà reformulé.

Exemple : Le sujet « Comment la réforme de l’administration publique peut-elle renforcer l’autorité de l’Etat ? » peut être ainsi reformulé « En quoi l’amélioration des prestations des services publics peut-elle faire jouer à l’Etat pleinement son rôle ?»

Toutefois, il est conseillé de faire précéder votre reformulation d’une accroche. Une accroche  est une phrase introductive générale ayant un rapport direct avec le sujet. Elle rappelle le contexte ou l’actualité du problème posé dans le sujet. Pour trouver la meilleure accroche d’un sujet, il faut vous poser la question : « Qu’est-ce qui peut nous amener à nous poser la question ou le problème formulé dans le sujet que nous dissertons ? ». L’accroche peut être une observation, une opinion commune, un fait historique, une donnée scientifique…

Dans l’exemple évoqué ci-haut, l’accroche pourrait être : « Conscients de la lourde mission qui les hante, les Etats du monde ont fait de la réforme de l’administration publique leur cheval de bataille… ».

La reformulation complète du sujet pris en exemple ci-dessus, en plus de l’accroche, sera : « Conscients de la lourde mission qui les hante, les Etats du monde ont fait de la réforme de l’administration publique leur cheval de bataille. En quoi l’amélioration des prestations des services publics peut-elle faire jouer à l’Etat pleinement son rôle ? ».

Problématique : il s’agit de vous poser et écrire quelques questions en lien avec le sujet. Il s’agit de questions qui valent la peine d’être posées si on tient à développer le sujet. Imaginez-vous toutes les questions qu’un profane vous poserait si c’est vous qui devriez lui expliquer le sujet que vous dissertez. Ces questions permettent au correcteur de pressentir le contenu et la structure du développement de votre dissertation. D’où l’importance de veiller à ce que ces questions ne vous sortent pas du sujet.

Ex : Avec notre sujet pris en exemple, nous pouvons nous poser des questions du genre :

‘’Qu’est-ce que l’administration publique ? Pourquoi et comment peut-elle être réformée ? En quoi une telle réforme peut-elle renforcer l’autorité de l’Etat ?…’’

Avant de quitter la problématique pour le développement, il sied d’utiliser des phrases transitoires (ou phrases charnières) comme : ‘’Les lignes qui suivent nous en diront plus…’’ ; ‘’nous tenterons de répondre à ces questions dans la suite de ce travail…’’ ; ‘’C’est tout l’essentiel des lignes qui suivent…’’, etc.

Toutes les parties de l’introduction peuvent être contenues dans un seul paragraphe. Vous n’avez pas besoin de faire un paragraphe pour l’accroche, un deuxième pour la reformulation du sujet et un troisième pour la problématique.

A partir de notre sujet-modèle ci-dessus, essayons de faire une introduction complète :

Sujet : ‘’Comment la réforme de l’administration publique peut-elle renforcer l’autorité de l’Etat ?’’

Conscients de la lourde mission qui les hante, les Etats du monde ont fait de la réforme de l’administration publique leur cheval de bataille. En quoi l’amélioration des prestations des services publics peut-elle faire jouer à l’Etat pleinement son rôle ? Le dénouement d’une thématique aussi pertinente que celle-ci pousse à se poser quelques questions : Qu’est-ce que l’administration publique ? Pourquoi et comment peut-elle être réformée ? En quoi une telle réforme peut-elle renforcer l’autorité de l’Etat ? Nous tenterons de répondre à ces questions dans la suite de ce travail.

Après l’introduction vient l’étape du développement. Mais en quoi consiste le développement d’un sujet de dissertation ?

  • Le développement

Avant toutes choses, rassurez-vous du type de travail demandé. Posez-vous la question : S’agit-il d’un sujet à commenter, à expliquer, à démontrer ou à discuter ?

Pour rappel, le développement d’un sujet à commenter, expliquer ou démontrer consiste à soutenir et appuyer le point de vue ou la position du sujet. Ainsi, pas de paragraphe, ni de phrase contraire au sens du sujet.

Ex : Avec le sujet donné en l’exemple ci-dessus, le développement consistera à fournir suffisamment des preuves et arguments démontrant que la réforme de l’administration publique renforce réellement l’autorité de l’Etat.

Par contre, le développement d’un sujet à discuter vous laisse la liberté de donner le pour (thèse) et le contre (antithèse), avant de dégager votre point de vue (synthèse) qui n’est pas à confondre avec la conclusion.

Après avoir découvert le type de travail demandé, commencez par développer votre sujet, en pensée, tout en écrivant les grandes lignes de vos idées sur un brouillon, au fur et à mesure que ces idées vous viennent.

Imaginez-vous en train d’exposer le même sujet dans le cadre d’une conférence ; vous commenceriez par quoi ? Pour ajouter quoi ? Et aboutir par quoi ? C’est ici l’importance de maitriser le sujet que l’on veut développer. A ce sujet, nous vous recommandons vivement la lecture des documents qui traitent de l’administration publique congolaise, de ses défis ainsi que de sa réforme, car c’est autour de ces matières que tournent la plupart des sujets-test d’admission à l’ENA.

Une fois les idées trouvées et écrites sur brouillon, commencez à les classer selon que telle idée doit logiquement précéder ou suivre telle autre.

Une fois les idées classées, plus rien ne vous empêche de rédiger votre développement. Voici quelques règles à respecter pendant la rédaction de votre développement :

  • Une idée équivaut généralement à un paragraphe.
  • Pour constituer un paragraphe suivez la démarche suivante : évoquer l’idée ; la soutenir avec des preuves et arguments suffisamment convaincants ; résumer le tout dans une phrase ; rédiger une phrase de transition qui annonce l’essentiel du paragraphe suivant.
  •  Lorsqu’un paragraphe va dans le même sens que le paragraphe précédent, il devrait commencer par des mots ou expressions du genre : Dans le même ordre d’idée, Suivant la même logique, pour renchérir, De plus, D’ailleurs, De surcroît, etc.
  • Dans un sujet à expliquer, à commenter ou à démontrer, évitez de commencer les paragraphes par des expressions du genre : Toutefois, néanmoins, Qu’à cela ne tienne, Cependant…puisque ces expressions manifestent de la contrariété, qui n’est pas propre à un sujet à expliquer, commenter ou démontrer.
  • Par contre, dans un sujet à discuter, pour passer de la thèse à l’antithèse utilisez des locutions comme : Toutefois, néanmoins, Qu’à cela ne tienne, Cependant, Par contre…au début du premier paragraphe de l’antithèse. C’est pour indiquer que vous voulez passer du pour au contre. Ensuite, pour passer de l’antithèse à la synthèse, utilisez des locutions du genre : Pour notre part, à notre (humble) avis, En ce qui nous concerne…au début du premier paragraphe ou du seul paragraphe de la synthèse. Cela démontre que vous voulez donner votre avis au regard du pour et du contre.
  •  La thèse, l’antithèse ou la synthèse peuvent contenir chacune plusieurs paragraphes. Toutefois, les paragraphes d’une même partie (thèse, antithèse ou synthèse) se suivent entre eux par les ligatures évoquées ci-haut (Dans le même ordre d’idée ; Suivant la même logique ; pour renchérir ; De plus ; D’ailleurs ; De surcroît…)

Parlons de la conclusion !

  • La Conclusion

La conclusion se fait introduire par des expressions comme : En somme ; somme toute ; En conclusion ; Pour conclure ; Au regard de tout ce qui précède ; Ainsi ; Grosso modo

La conclusion se fait en deux temps, généralement contenus dans un même et seul paragraphe. Le premier temps consiste à donner une sorte de résumé des idées exprimées dans la dissertation, alors qu’en deuxième temps on évoque, en quelques mots, un sujet ou thème annexe au sujet disserté. Ce thème ou sujet annexe doit présenter l’aspect d’une suite ou d’un complément au sujet traité dans la dissertation, laissant une sorte de brèche au sujet.

  • Quelques conseils pour le test écrit

Au-delà de tout ce qui précède, voici quelques conseils qui vous aideront sûrement :

  • Lisez et informez-vous suffisamment sur l’administration publique congolaise  en recherchant les défis auxquels elle fait face et les moyens de relever ces défis (vieillissement des agents et fonctionnaires, modicité des salaires, culture des antivaleurs, carence des NTIC, etc.) ;
  • Améliorez votre orthographe et votre calligraphie: « la forme vaut autant que le fond ». Le mieux serait de commencer à vous exercer, dès maintenant, à l’aide des anciens sujets évoqués ci-haut et vous faire lire par les autres;
  •  La durée du test écrit de l’ENA est souvent de quatre (4) heures. Ne passez pas tout le temps à faire le brouillon. Gérez bien votre temps ;
  • Ceux qui ont réussi avant toi, ne sont pas plus humains que toi. Tu le peux aussi. Alors, vas-y.

Essayons une dissertation complète avec le sujet donné au concours de 2014

Sujet : « Comment la réforme de l’administration publique peut-elle renforcer l’autorité de l’Etat? »

Conscients de la lourde mission qui les hante, les Etats du monde ont fait de la réforme de l’administration publique leur cheval de bataille. En quoi l’amélioration des prestations des services publics peut-elle faire jouer à l’Etat pleinement son rôle ? Le dénouement d’une thématique aussi pertinente que celle-ci pousse à se poser quelques questions : Qu’est-ce que l’administration publique ? Pourquoi et comment peut-elle être réformée ? En quoi une telle réforme peut-elle renforcer l’autorité de l’Etat ? Nous tenterons de répondre à ces questions dans la suite de ce travail.

L’Administration publique représente ce que les ressources humaines et leurs corollaires représentent pour une entreprise quelconque. En effet, l’Etat est une personne morale, mieux une fiction juridique, dépourvue d’une existence matérielle et visible. Léon Duguit avait donc raison de dire : « je n’ai jamais déjeuné avec une personne morale ». Une personne morale comme l’Etat vit et agit au travers de son Administration (publique).

Dans cet ordre d’idées, l’efficacité ou l’effectivité de l’autorité d’un Etat donné dépend largement des capacités de son administration (publique). Quand bien même c’est l’autorité politique, en l’occurrence le Gouvernement, qui fixe les grandes lignes de l’action de l’Etat à travers le « Programme du Gouvernement », c’est à l’administration publique qu’il revient, en définitive, d’appliquer ce Programme ou cette Action étatique dans le concret. A titre illustratif, comment l’Etat pourrait-il rétablir la paix si un militaire, agent de l’administration publique, n’est pas allé effectivement au front ? De même, l’effectivité de la politique sanitaire de l’Etat ne peut se dispenser des médecins et infirmiers (agents de l’administration publique) …

De plus, les faits démontrent que lorsqu’une administration publique fonctionne efficacement, même les velléités et turbulences politiques ne peuvent préjudicier le développement du pays. Les pays du G20, les vingt pays les plus développés du monde, ont en commun le fait de disposer des administrations publiques organisées et efficaces, en dépit de la diversité voire le contraste de leurs régimes politiques respectifs. La Chine autocratique et les USA démocratiques sont tous développés grâce, principalement, à l’efficacité de leurs administrations publiques. Ce n’est malheureusement pas le cas de la R.D.C.

L’autorité de l’Etat Congolais se fait de moins en moins sentir dans plusieurs secteurs de la vie nationale, à tel point que d’aucuns parlent d’une situation de non Etat ou d’absence de l’Etat. L’absence prolongée de la paix dans certaines régions du pays, l’insécurité grandissante surtout dans les milieux urbains, le délabrement des infrastructures, le taux élevé du chômage, la faible croissance économique, la dégradation du climat des affaires, la déficience du système sanitaire, l’insalubrité urbaine, la faible mobilisation des recettes…sont autant de symptômes de la faiblesse de l’Etat Congolais.

L’administration publique se trouve être la principale responsable de ce tableau sombre. En effet, la République démocratique du Congo dispose d’une cinquantaine d’administrations publiques sectorielles proportionnellement aux principaux secteurs de la vie nationale (intérieur et sécurité, défense, santé, fonction publique, Infrastructures et travaux publics, Sports et loisirs, Finances, Budget, Petites et Moyennes Entreprises, Justice, Affaires étrangères, etc.). Ces administrations sont censées être représentées au niveau de tous les trois échelons d’exercice du pouvoir étatique, notamment : le niveau central (national), le niveau provincial et le niveau local (Villes, communes, secteurs et chefferies) pour plus d’efficacité. Plutôt que d’assurer l’autorité de l’Etat dans ces différents secteurs, l’administration publique a excellé dans l’inefficacité et l’inefficience. Répondant à la question d’un parlementaire en 2014, le Ministre honoraire de la Fonction Publique Jean-Claude KIBALA résumait l’inefficacité de l’administration publique congolaise en qualifiant cette dernière de « lourde, lointaine et coûteuse ». Cette situation semble ne pas s’être significativement améliorée à ce jour. Plusieurs causes en sont à la base.

Le diagnostic de l’administration publique congolaise révèle que cette dernière souffre de divers maux. Ceux-ci concernent les aspects humains, matériels, techniques, financiers voire éthique de l’administration publique. Ainsi peuvent être cités : le vieillissement du personnel, la modicité des salaires, la carence en équipements modernes suffisants, l’insuffisance des infrastructures viables, les mauvaises conditions sociales des agents de l’Etat, le règne des antivaleurs, la rareté des compétences, le non-respect des cadres organiques, l’anarchie, l’impunité, l’insuffisance et l’irrégularité des frais de fonctionnement, etc.

En pareil contexte, la réforme s’avère la voie obligée pour redonner du souffle à l’administration publique congolaise et, par conséquent, renforcer l’autorité de l’Etat Congolais. En effet, une administration publique rendue efficace, grâce à la réforme, aura permis à l’Etat de remplir ses missions. En d’autres termes, l’administration publique réformée assurera la paix, la sécurité, l’emploi, la santé, les bonnes infrastructures, la croissance économique, l’éducation, l’alimentation…en faveur de la population. L’autorité de l’Etat sera ainsi, non seulement rétablie, mais aussi renforcée.

En conclusion, il sied de relever que le sort de l’autorité de l’Etat reste largement tributaire des performances de son administration publique. L’Etat Congolais ne retrouvera son vrai sens et sa fierté que lorsque son administration publique sera en mesure de répondre aux besoins de la population. En effet, quel père revendiquerait son autorité (paternelle) s’il n’est pas en mesure de bien s’occuper de sa famille ? Il est temps que l’administration publique congolaise, vu son état actuel, soit réformée en vue de faire jouer à l’Etat son véritable rôle. C’est ici qu’il sied de saluer et encourager les efforts déjà engagés par le Gouvernement Congolais en faveur de la réforme de l’administration publique congolaise. Encore faudra-t-il que les maux qui ont rongé l’administration publique ne rongent aussi sa réforme. Sinon, le virus aura détruit le vaccin, après avoir tué le malade.

II. TEST ORAL (INTERVIEW)

Les candidats retenus à l’issue du test écrit (dissertation), sont soumis à une autre épreuve, le test oral (interview). Il s’agit d’un exercice oral de 20 à 25 minutes par candidat, au cours duquel ce dernier est appelé à interagir avec le jury par un jeu de questions-réponses.

L’essentiel du test oral d’admission à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA-RDC) porte généralement sur :

  • La Présentation du Candidat
  • Le Domaine (filière) d’études du Candidat
  • L’Administration publique et sa Réforme
  • Le test de personnalité (éthique et morale)
  • Les sujets d’actualité et de culture générale
  1. Présentation du Candidat : Comme lors de toute interview de recrutement, le test oral d’admission à l’ENA débute par la présentation du Candidat. A cette question, il est préférable de ne parler que  de son parcours académique et professionnel, sans trop plonger dans les détails personnels.

Il sied de retenir que la présentation du candidat oriente les questions du jury. Nous conseillons de ne pas évoquer, lors de la présentation, les aspects  de votre profil dont vous n’avez pas la maîtrise ; mais en revanche, parler clairement de ceux que vous maîtrisez.

Exemple : Se présenter comme juriste, tout court, peut vous exposer à n’importe quelle question du Domaine de Droit. Par contre, préciser que vous êtes juriste en Droit Economique et Social, poussera le jury à focaliser ses questions sur votre spécialité.

  • Les Questions du Domaine (filière) d’Etudes : La grande partie de questions posées au test oral de l’ENA tourne autour du domaine d’études et, éventuellement, l’expérience professionnelle  du Candidat. Le mieux serait, avant le test oral, de se rafraîchir la mémoire en revoyant certaines notes de cours, si des notions entières vous échappent.
  • Questions sur l’Administration Publique et Sa Réforme : L’ENA s’inscrit dans la droite ligne de la Réforme de l’Administration publique. Et donc, ceux qui postulent pour l’ENA devraient avoir connaissance, ou ne fut-ce qu’une idée,  de maux qui rongent l’Administration et, par voie de conséquence, comprendre la pertinence de la Réforme. Voilà qui pousse souvent le jury à poser aux Candidats  des questions relatives à l’Administration Publique et à sa Réforme. En se préparant au test, chaque candidat devrait chercher à s’informer sur la Réforme de l’Administration Publique Congolaise.
  • Les Questions de personnalité : Comme leur nom l’indique, ces questions ont pour objectif de tester la personnalité du candidat (sa moralité, son degré d’attachement aux valeurs, ses réactions, etc.). Pour ces questions, la tendance du Jury est souvent de formuler des casus (cas pratiques) à l’endroit du Candidat afin de voir comment ce dernier y réagirait et, ainsi, se forger une idée sur sa personnalité. En y répondant, soyez vous-mêmes, mais soyez la meilleure version de vous-mêmes.
  • Questions d’actualité et de culture générale : Il s’agit de questions qui portent sur l’actualité nationale et internationale, l’Histoire/Géographie du pays et du monde, les Grands Enjeux mondiaux (Réchauffement climatique, nucléaire, migration, terrorisme, mondialisation, NTIC, etc.)…  Généralement, il est demandé au candidat de répondre à une question écrite sur un morceau de papier froissé, à tirer au choix dans une corbeille prévue à cet effet. De la réponse du candidat peut découler une suite d’autres questions similaires ou non.
  • Autres astuces pour le test oral de l’ENA:
  • Etre habillé en tenue de ville, de couleur morne/sombre et sans vivacité ni trop d’éclat (pour les hommes) ;
  • Etre habillée décemment (pour les Dames) ;
  • Une fois à l’intérieur du local où se déroule le test oral, saluer le jury et attendre que celui-ci vous demande de vous asseoir ;
  • Votre sincérité quand vous n’avez pas de réponse à une question peut valoir mieux que mentir ou donner la mauvaise réponse. Il peut s’agir là de votre test de personnalité.
  • Plutôt que vous taire ou donner la mauvaise réponse, il serait mieux de proposer au jury, en toute courtoisie, une question similaire à laquelle vous auriez la bonne réponse.
  • Rester courtois, déstressé et attentif.

Les Tests d’admission ne sont pas un examen auquel il suffit de réussir. Il s’agit plutôt d’un concours à l’issue duquel on a besoin de ceux qui se sont mieux classés.


Détenteur d’une Licence en Droit Economique et Social de l’Université Notre-Dame du Kasayi (U.KA.), Me Sébastien KASAU est apprenant en DES à l’Université de Kinshasa. Véritable produit du PRRAP,  il combine l’expérience d’avoir été Jeune Professionnel (JPO) de la quatrième vague, puis Enarque de la Promotion Etienne Tshisekedi, 6e Promotion de l’ENA-RDC ; et fut respectivement Coordonnateur Provincial des JPO et Délégué Principal des Enarques de sa Promotion.  A l’issue de sa formation à l’ENA-RDC, l’auteur a été affecté au sein de la Direction Audit et Contrôle de Gestion du Ministère des Finances, où il exerce les fonctions d’Auditeur des Finances, en plus de ses attributions d’Administrateur Civil.

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